Après le passage d’Irma, l’île de Saint-Martin, complètement dévastée, était quasi inaccessible. Il était du devoir des assureurs de réagir vite afin que les habitants puissent être indemnisés et engagent rapidement la reconstruction. Devant l’incapacité d’envoyer des équipes sur place, ce sont des drones civils qui ont survolé la zone pour en évaluer les dégâts. Marie-Hélène Leca, du service Gestion Expertise chez Montmirail nous explique comment ces nouveaux outils aériens sont devenus des alliés de choix pour le secteur de l’assurance.
Se rendre dans des zones difficiles d’accès
En effet, les assureurs ont rapidement compris l’utilité de ces appareils en cas de sinistres de grande ampleur affectant de vastes surfaces, de grands bâtiments ou encore des biens inaccessibles comme des sites pollués ou des bâtiments incendiés. Les premières constatations peuvent, en effet, être réalisées bien plus rapidement, et dans de meilleures conditions de sécurité. Cela permet également d’anticiper les mesures conservatoires à prendre. C’est tout particulièrement intéressant pour les grandes catastrophes naturelles. Ainsi en janvier 2014 après les très fortes inondations, la préfecture de Pau dans Pyrénées Atlantique, avait mandaté une société prestataires d’images par drones pour effectuer la reconnaissance de la zone sinistrée.
Une grande fiabilité des données
Les données recueillies sont extrêmement fiables et peuvent parfois permettre de déterminer le point d’origine et la cause d’un incendie par exemple. Le gain de temps dans les investigations est de plusieurs jours voire semaines. Le service apporté à l’assuré en est grandement amélioré.
Un outil de prévention efficace
En plus de l’aide à la gestion stricte de sinistres, l’utilisation des drones est également un excellent outil de prévention. Ainsi, les inspections réalisées peuvent permettre de déceler en amont des défauts de fabrication ou des problèmes d’installation. Certains assureurs proposent déjà à leurs assurés cette prestation destinée à prévenir les risques. C’est le cas d’Allianz qui propose un service qui concerne les installations photovoltaïques de ses clients. En faisant appel à ce genre de prestations, des réductions de primes peuvent même être octroyées en retour par l’assureur.
Un usage toutefois limité
En assurance construction, l’utilisation des drones permet de surveiller l’évolution de certaines pathologies d’un bâtiment. Cela permet également d’inspecter les biens assurés, parfois à l’aide de capteurs thermiques, afin d’évaluer leur état de façon très précise. Toutefois, l’utilisation des drones dans le domaine de l’assurance conserve certaines limites :
Il est, par exemple, impossible de voler par grand vent. Leur autonomie reste faible et leur exploitation est soumise à une réglementation stricte, c’est pourquoi l’intervention de sociétés spécialisées, sélectionnées avec soin est nécessaire. L’assureur donneur d’ordre qui aurait fait travailler un prestataire non habilité ou n’ayant pas obtenu les autorisations de vol, pourrait voir sa responsabilité engagée en cas de dommages.
Rien ne remplace l’expert !
Mais ces limites sont mineures comparées aux bénéfices générés par l’utilisation de ces aéronefs d’un nouveau genre. Les drones n’ont toutefois pas vocation à remplacer les experts. Cette technologie, qui représente un coût non négligeable (il faut compter 1000 à 2 000 euros pour une session de vol) est utilisée seulement pour les sinistres de grande ampleur. Sur le terrain, c’est toujours l’expert qui guide l’opérateur et définit les zones à survoler.
Un marché en pleine expansion
Selon certains spécialistes en 2020, la valeur générée par les drones dans l’assurance devrait atteindre les 6,8 Milliards de dollars. A cela s’ajoutent les bénéfices indirects. Tels que les usages faits dans d’autres secteurs ou le développement de nouvelles sources d’information.
Quelques chiffres clés
- 1 million de drones civils dans le monde dont 300 000 vendus en 2015.
- 91 Md$ les dépenses d’acquisition de drones en 2024, dans le monde.
- 2 400 opérateurs de drones civils en France. 30 fabricants de drones dans l’Hexagone. 3 087 drones utilisés à titre professionnel.
- 150 000 à 200 000 drones de loisirs en France.
- 652 M€ Le chiffre d’affaires en 2025 du marché français des drones civils (contre 155 M€ en 2015).